Localisation: In a forest less than 5 km from Sokolo, Niono Cercle, Ségou [+]
Pays: Mali [+]
Types de violations: Summary execution [+]
Cet incident a eu lieu à In a forest less than 5 km from Sokolo, Niono Cercle, Ségou, Mali [+]
According to FIDH and AMDH: “De nombreux cas d’exécutions sommaires ont été attribués à l’armée malienne à partir du mois de février 2018 [...] Le 21 février dans les environs de Sokolo (cercle de Niono), les FAMA ont procédé à l’arrestation de neuf personnes dans le cadre de l’opération « Dambe » : sept Peuls et deux Bambaras. Les sept Peuls ont depuis disparu. Ils pourraient avoir été exécutés et enterrés par des soldats maliens dans une fosse commune. L’audition de plusieurs témoins a permis de reconstituer les événements de manière précise. Ce jour-là, un mercredi, Modibo Bah dit Baïlo, le chef du village de Djadja, situé à 8 km de Nangaraba Camp, doit participer au baptême de son fils, né d’un troisième mariage avec une femme de Nangaraba Camp. Il est venu de Djadja avec son frère, Brahima Bah, un de ses fils, Hamadi Bah, un neveu, Bongo Bah, et un ami, Allaye Bara Cissé. Vers 10 heures, un convoi d’une vingtaine de véhicules de l’armée malienne arrive dans le village. Les militaires passent de maison en maison et ordonnent aux hommes de se rassembler à la mosquée. Ils procèdent à l’arrestation des cinq hommes, tous peuls, qui se trouvaient dans la cour de Baïlo Bah et qui s’apprêtaient à assister à la cérémonie, puis à celle de quatre autres personnes qui se trouvaient devant une boutique – deux Bambaras : Hamadi Coulibaly, le propriétaire de la maison, et Ngassa Bouare, et deux Peuls : Ibrahima Sow, le boutiquier, et Samba Sow, son fils. « Ibrahima tenait une boutique dans le centre de Nangaraba Camp, raconte un membre de sa famille. Les militaires l’ont pris devant sa boutique. Ils ont fouillé la boutique. Ils cherchaient des armes. Mais ils n’ont rien trouvé. Ils sont partis chez lui, puis ils sont allés fouiller une autre maison qu’Ibrahima faisait construire. Là, ils ont arrêté Samba, un jeune berger, qui dormait dans la maison. Les FAMA ont ensuite amené les deux hommes au centre du village où se trouvaient les véhicules. Ils ont brûlé la moto d’Ibrahima et quatre autres motos, puis ils les ont embarqués dans une voiture et sont partis. Je ne les ai plus revus. » Plusieurs témoins ont vu le convoi prendre la direction du sud, vers Sokolo. Selon eux, les neuf personnes arrêtées avaient les yeux bandés et les mains attachées. Le soir, vers 18 heures, les villageois ont vu les militaires revenir dans la ville avec les deux Bambaras, mais sans les sept Peuls. Ils ont rendu les clés de la boutique à la famille d’Ibrahim Sow. Quand il a appris ces arrestations, B., un éleveur et chef de village de la zone, a cherché à en savoir plus. Le lendemain, il affirme s’être rendu à Nangaraba Camp pour s’enquérir de la situation. « Je suis allé voir le chef de village. Il m’a dit que la veille, dans la matinée, les militaires avaient encerclé le village et qu’ils avaient arrêté des gens, fouillé des maisons, et brûlé des motos. Puis je suis allé voir Hamadi, qui a été arrêté puis relâché. Il m’a dit qu’il n’a rien vu car tout le monde avait les yeux bandés. Ils ont été transportés vers une destination inconnue. Il ne savait pas où ils étaient, sauf qu’en partant, ils se sont frottés à des branches. Il ne savait pas non plus ce qui était advenu de ses co-détenus. Il m’a dit qu’il n’avait rien entendu, et que les soldats s’exprimaient en français. » Après cela, B. s’est rendu à Sokolo, pour s’entretenir avec un des adjoints au maire de Sokolo. Puis il dit avoir vu les militaires arriver dans la ville, près du forage. « Ils cherchaient le gardien du forage. Je les ai vus lui remettre une pelle et une pioche. Quand j’ai vu ça, j’ai eu des frissons de peur. J’ai demandé au gardien ce qu’il s’était passé. Il m’a dit : ‘Hier, les militaires, en partant avec les Peuls, m’ont emprunté une pelle et une pioche. Ils me les ont ramenées.’» Il semble que les FAMA soient passés par Sokolo avec leurs neuf détenus, puis se soient dirigés en direction de la frontière avec la Mauritanie, probablement sur le lieu de leur camp provisoire, dans une petite forêt située moins de 5 km de Sokolo. Quelques jours plus tard, après le départ des militaires, des villageois se sont rendus sur place pour tenter de retrouver les disparus. Sur les lieux, ils ont vu les traces du passage des militaires : des paquets de pâtes, des mégots de cigarettes, des traces de foyers, des cartes de crédit téléphonique… Ils ont trouvé ce qui pourrait être une fosse de 3 mètres sur 2,5 mètres. Ils ont tenté de remuer la terre, mais quand ils ont vu des cheveux, une sandale et un morceau de tissu ressemblant à celui du turban que portait un des disparus, ils ont stoppé leur entreprise. À côté de la fosse, « il y avait des petits trous dans la terre, et des traces de sang, comme quand on égorge un mouton », indique un témoin. Pour les habitants de Sokolo, il ne fait aucun doute que les sept disparus ont été enterrés dans cette fosse. Selon toute vraisemblance, ils ont été exécutés par les FAMA, et enterrés sur le lieu même où ils avaient installé leur camp provisoire. Dans un communiqué publié le 27 février, le gouvernement malien a admis que les FAMA avaient « mené le 21 février 2018 des missions de reconnaissance et de fouilles dans la commune de Sokolo, au cours desquelles des personnes civiles ont malheureusement perdu la vie », et a indiqué qu’une enquête avait été ordonnée.Depuis lors, les habitants de Sokolo disent avoir peur des militaires. Quelques jours plus tard, une mission de la MINUSMA s’est rendue sur les lieux pour constater la situation, mais, pour des raisons matérielles, elle n’a pas pu aller au bout de ses investigations. Le lendemain, les FAMA se sont rendus à Djadja et ont arrêté six hommes, au cours de ce qui pourrait s’apparenter à un acte d’intimidation. Un proche qui a tenté de savoir où ils se trouvaient affirme qu’un militaire lui aurait dit : « Je sais que tu travailles avec la MINUSMA, ce sont des étrangers, tu devrais travailler avec nous. » Les six détenus ont été envoyés à Ségou, où ils sont restés 21 jours, puis à Bamako, au Camp 1, où ils sont restés 13 jours, avant d’être libérés. Les FAMA continuent de venir régulièrement à Djadja, à fouiller des maisons et à subtiliser des motos. L’identité du régiment qui a agi à Sokolo est floue. L’armée dispose d’un camp dans cette ville. Cependant, il pourrait s’agir de militaires déployés de façon temporaire dans le cadre de l’opération « Dambe », mobilisés pour des missions particulières. Il est probable que des forces spéciales faisaient partie de cette mission. Plusieurs éléments étayent cette thèse : les tenues particulières (tee-shirt noir, cagoule, pick-up blancs camouflés) de certains de ces militaires ; le fait qu’ils étaient basés dans un camp provisoire, en brousse ; et le fait qu’ils ne soient restés que quelques jours dans la zone.[...]Dans les cas de Nelbal et de Dogo comme dans l’affaire de Sokolo, notre enquête n’a pas permis d’identifier le détachement qui a opéré sur le terrain, ni d’établir sa chaîne de commandement. D’autres enquêteurs, y compris ceux de la MINUSMA, ont rencontré les mêmes difficultés. Il s’agissait vraisemblablement de militaires en mission, peut-être dans le cadre de l’opération « Dambé ». Des sources locales évoquent la possibilité que le même détachement ait agi dans ces trois localités. Mais aucun élément ne nous permet de l’affirmer jusqu’à présent."” [+]
Nom | Autres noms | Classification |
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Opération Dambé [+] |
Opération « DAMBE »
opération DAMBE opération “Dambé” |
Army
[+]
Military [+] |
Date De Publication | Publication | Titre De Publication | Date D'Accès | Archive Link |
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Novembre 2018 | Fédération Internationale pour les Droits Humains (and one other organization) | Centre Mali: les populations prises au piège du terrorisme et du contre-terrorisme | 28 Juillet 2020 |