According to FIDH and AMDH: "Des cas de tortures et des détentions illégales. Les FAMA ont multiplié les arrestations violentes, souvent sur la base de l’appartenance ethnique ou après des dénonciations. Ils sont régulièrement accusés de cibler principalement la communauté peule. Des témoins ont raconté comment, lorsqu’ils arrivent dans un village, ils entreprennent de fouiller les quartiers peuls, et pas les autres. Dans le Delta intérieur, des habitants affirment que les FAMA s’entretiennent avec la communauté bambara avant d’opérer des arrestations parmi la communauté peule. Des Peuls reprochent aux militaires de brûler leurs motos, au prétexte que les déplacements en deux roues sont interdits, même quand elles sont à l’arrêt, à l’intérieur de la maison. Ces méthodes sont de nature à développer la méfiance entre une partie de la population et les forces de défense malienne. De nombreux cas de détentions arbitraires et de torture ont également été rapportés. Un homme de 29 ans habitant la commune de Toguere Koumbe affirme avoir été passé à tabac durant sa détention. Il a été arrêté le 26 février dans son village de Gaïssi. Il prenait son petit-déjeuner en famille lorsqu’un détachement de l’armée malienne a encerclé le village et a pénétré dans les maisons.« Ils nous ont fait asseoir le temps de fouiller notre maison. Ils n’ont rien trouvé, mais ils nous ont demandé de les suivre, moi, mon père et mon cousin. Ils nous ont amenés à la périphérie du village et nous ont asséné des coups de poings et des coups de fouet. Puis ils nous ont déshabillés, attaché les pieds et les mains, et bandé les yeux. Ils nous ont à nouveau battus avec des bouts de bois et des crosses de fusils. Mon père a eu un pied fracturé. Ensuite, ils nous ont fait monter dans un véhicule. On a tourné toute la journée. Vers 17 heures, le convoi est arrivé à Toguere Koumbe, où se trouve une base militaire. [...] Ce témoin estime avoir été arrêté « pour djihadisme » suite à des « dénonciations calomnieuses », en raison du fait que son père est le chef d’une communauté en conflit avec les Bozos du village.[...]Outre ces violences corporelles, des associations peules dénoncent les conditions dans lesquelles sont détenues les personnes arrêtées dans le centre. Une fois qu’elles ont été envoyées à Bamako, elles sont incarcérées en différents lieux, parfois dans le secret. Leurs familles mettent des semaines à retrouver leur trace. Des détenus sont semble-t-il gardés dans des cellules de la Sécurité d’État, en dehors de tout cadre légal. Personne n’a accès à ces geôles, ni avocats, ni associations, ni organisations humanitaires. Des personnes que leurs parents pensent décédées pourraient s’y trouver. Des témoins qui ont visité les cellules du Camp 1 évoquent des conditions déplorables et une surpopulation inhumaine. « Un jour où je m’y suis rendu, en avril 2018, on nous a dit qu’il y avait 84 personnes dans une seule cellule, raconte un responsable d’une association. Ils étaient dos à dos et devaient dormir chacun leur tour tellement il manquait de place. Certains avaient des traces de chicottes dans le dos. Il faisait une grande chaleur." [+]
Publication Date | Publisher | Publication Title | Access Date | Archive Link |
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November 2018 | Fédération Internationale pour les Droits Humains (and one other organization) | Centre Mali: les populations prises au piège du terrorisme et du contre-terrorisme | 28 July 2020 |